Pour garder un souvenir assez clair de tout ce voyage, et
surtout pour pouvoir partager au mieux cette experience, je prend
systematiquement des notes sur tout ce qui pimente les jours et les nuits, de
la qualite des repas aux revelations chamaniques en passant par les noms de
lieux, de personnes ou toute impression marquante. Pour ne pas trop user ma
perception du voyage ce sont evidemment des notes telegraphiques. Je vais
tenter pour le blog de faire prendre vie a ce squelette litteraire mais je m en
tiendrais au factuel.
J ai deja redige une letter decrivant mon periple jusqu a Irkutsk, letter
envoyee a Ambre qui devrait la recevoir dans une semaine et vous en faire part
ici d une facon ou d une autre.
Mon recit reprend dans un van coreen dans lequel n entasse quotidiennement sixa
dix personnes pour parcourrir les 70 km separant Irkutsk d une ile du lac
Baikal, Olkhon. Depart 9h, le 26 septembre 2010, avec mon accompagnateur,
traducteur et Presque ami, Andrei, 28 ans, bouriate. Celui ci vient de
travailler 24h en tant que milicier, n as pas dormi et en est bien a son deuxieme
litre de biere (l attente nocturne ayant ete longue). Sur la route, j admire
les immenses plaines parsemees de villages de maisons de bois qui encerclent
Irkutsk. Andrei m explique que s y cachent des lanceurs de missiles braques sur
les US… au cas ou! A la pause dejeuner (oui le voyage dure 5h… pour 70 bornes,
ca donne une idee des routes), un russe nous paye la premiere bouteille de
vodka de la journee, rapidement videe ce qui fini de couler Andrei.
La Taiga, foret infinite de bouleaux, se fait plus desertique et vallonee, nous
arrivont enfin en vue du lac Baikal.
Halte au cafe en attendant le ferry.
Andrei negocie des places dans la voiture d une pretre Orthodoxe officiant sur
l ile, pour nous deux et une belle blonde de Novossibirsk. Traversee de l ile
par grand vent, paysages magnifiques ou le soleil rasant dessine sur les
collines nues avec ombres et lumieres. Je suis deja conquis!
Le pretre nous depose a Khugir (le Kh se prononce comme le ch allemande ou le j
espagnol), un des plus gros villages de l ile. On s installe chez Galia,
babouchka locale qui vit du tourisme l ete. Pour une idee, le tarif est de 300
roubles par personnes pension complete avec cuisine locale.
Le soir, je profites de l effet de la deuxieme bouteille de
vodka sur Andrei pour le semer et rendre visite a la nuit tombante aux deux
rochers chamaniques si importants pour les chamanes du monde et… les touristes.
J y trouve un arbre don’t le tronc est litteralement enrobee de chiffons
rouges, blancs et bleus (offrandes pour Olkhon comme je l appris par la suite).
27 septembre: Petite excursion avec de charmants touristes
anglophones avec qui nous avons d ailleurs passe le soir meme une soiree fort
arrosee chez Galia. Au programme de la visite, promenade a pied dans l ile
jusqu au grand lac –indescriptible, impossible a photographier, un pur moment
de bonheur. Il faut y aller c est tout ce que je peux en dire!-, repas a base
de poisson franchement pecheur. Le chauffeur traverse les forets et le collines
sans qu il n y ait specialement de routes ni meme de chemins… Il nous depose
pres d une lac mourant, soit disant curatif mais vide par les touristes qui
veulent un extraire un peu d eau se croyant a Lourdes. Sur le trajet j accumule
les annecdotes sur le chamanisme mais je prefere les rassembler dans un autre
article.
28 septembre: Avec deux bouteilles de vodka de plus a
digerer, on se leve tard. On devait aller a Yolantse, village bouriate hors de
l ile, pour rencontrer un chamane mais vu notre etat cela semble compromis. C
est alors qu un pecheur vient rendre visite a Galia et nous apprend que le
chamane Gyana sera au village de Yalga, sur l ile a 15 km de la. Nous voila
donc en pleine apres midi en galere pour rejoindre Yalga sans voiture ni plan
pour dormir la bas. Apres une heure de marche tres ressourcante et apaisante,
un fermier nous depose chez Svieta et Sergei qui nous hebergerons pour la nuit.
Occupe a des activites purificatrices (lessive et sauna), je n ai pas entendu
le chamane arriver.
Apres un rapide entretient, on plannifie un Abriat’, rituel
pour communiquer un souhait aux esprits, pour le lendemain matin car… la nuit
les esprits dorment. Tout les episodes exotiques de cette nuit et du rituel
occupant toute la matinee du 29 seront pour l article sur le chamanisme desole
:).
29 Septembre : Je reprend mon recit a 16h, heure de mon
arrivee douloureuse au sommet d une des nombreuses collines de l ile apres 2h
de marche, sac sur le dos, ou m attendait comme un signe, un autel d offrande
chamanique. Comme par enchantement, une cloppe et un verre de vodka plus tard (oui
avec l autel etait livre le groupe de touriste russe en train de boire!), le
dieu des voitures se fait plus clement et nous offre un couple de russes d
origine bouriate qui nous ameneront a Yolantse.
On devait dormir chez la tante d Andrei mais elle n est pas
la. L hotel est complet. On atterit donc chez un local qui se trouve etre un
deuxieme chamane! Son tarif nous semble exorbitant (1000 roubles pour deux)
alors on utilise nos dernieres forces pour negocier -50%. Il n a pas l air tres
eveille, ni sage, pour un chamane. Il est ventripotent et vit avec son garnement
absolument intenable… mais je garde son portrait pour l article sur les
chamanes !
30 septembre: Reveille par le gosse, je profites de l
attente du van pour ecrire pendant une heure et demi a Ambre. Dans le van, je
discute avec une bouriate de 22 ans passionne de danse traditionnelle locale.
On passe la nuit ( juste moi et Andrei, pas avec la bouriate :D ) dans une
minuscule GhestHouse a Irkutsk remplie de francais et de belges, non sans avoir
rendu visite a une etudiante russe francophone rencontree sur CouchSurfing.com
1 Octobre: Jour du depart pour la Mongolie, a base de
glandouille de magasins en monuments en passant par les rues les plus glauques
possibles. Mes premiers contacts avec les eglises orthodoxes, les citadins…
sont plutot bons. J ai eu l occasion d observer un office, ou le coup d
encensoir du pretre fut une benediction discrete et genereuse vu mon peu de foi
apparente. A la gare (depart a 22h), Andrei m a trouve un contact mongole qui
est au courant pour le festival avec les aigles dans l Altai. Il m a donne sa
carte et le numero de son gendre qui parle anglais. Dans mon wagon, tout le
monde parle francais, don’t un couple deja rencontre a Moscou et un gars dont j
ai commente le blog en le prenant pour un ami!
Voila un petit bilan assez sommaire de mon passage a Olkhon
et a Irkutsk. Il manque tout ce qui est vraiment croustillant, a savoir le cote
mystique de la chose, mais chaque chose en son temps.